Par Evelyne Niveaux
Fonte des glaces et lutte des classes* … même combat !
De quoi se plaint-on ? Nous baignons au quotidien dans la ouate, sous la protection de la fée publicité. Vivent les produits « lights », sans ceci et sans cela, le bio, le recyclable, etc. Tout va bien, pourquoi est-il urgent de sauver notre planète ? Si la planète Terre est menacée, elle l’est, la planète Homme aussi. Bizarrement, le thème de l’humanité en péril apparaît moins, voire pas du tout dans les médias.
Prenons l’exemple du travail. En vrac : outre de chômage de masse, il est question de minijobs, de jobs « zéro heure », de « jobs à la con », d’emplois précaires et flexibles (en France 70% d’embauches en CDD dont 30% de moins d’un mois), …Des travailleurs pauvres, condamnés à (essayer de) dormir dans leurs voitures…Quoi d’autre : la multiplication des « burn-out », des suicides (merci le « management » qui tue)…L’heure est à la marchandisation des hommes…« La fabrication des hommes jetables » écrivait Aimé Césaire…Pas grave, il y a le tri et le zéro déchet. Mais encore ? Dans les mammouths de la distribution, les rayons regorgent de denrées alimentaires. Cependant, trois millions de repas solidaires sont distribués rien qu’en Savoie en une année. La prolifération de la détresse, de la misère, des « sans » d’un côté et de l’autre l’opulence des riches. En France, les entreprises du CAC 40 ont vu leurs bénéfices bondir de 22%, en 2017 : les 2/3 des 97 milliards d’euros sont allés dans la poche des actionnaires. Records historiques. Toujours en 2017, sur 342 milliards d’euros de revenus financiers des entreprises et des banques, ZÉRO euro de cotisation pour la Sécurité sociale ! (discours de Pierre Laurent, secrétaire national du Parti Communiste Français à la Fête de L’Humanité 15 septembre).
Pour les maîtres du monde, la classe dominante exploiteuse, il est capital de détourner les esprits des peuples enclins à la recherche du bonheur. La prise de conscience de classe chez les victimes signerait la fin des exploiteurs.
Leur arme consiste à distraire les citoyens de la lutte des classes, en popularisant, par exemple, la lutte pour sauver la planète Terre, avec la mobilisation des grands moyens d’information et de propagande. Cela relève du machiavélisme. Le capitalisme en profite même pour se refaire une virginité, mieux encore une santé : je repeins la façade en vert et je m’ouvre un nouveau marché. Par exemple, je vends de séduisantes bouteilles d’eau minérale en plastique, faussement recyclées (Cash Investigation-11 septembre-France 2), portant une étiquette, bleue et verte, appelant, via l’UNICEF, à venir au secours des enfants d’Afrique, enfants privés d’eau. Une part du produit de la vente va à l’UNICEF. Vous voyez bien que « tout le monde il est beau, il est gentil ! ».
* titre d’un article de L. Sève – Le Monde Diplomatique – oct nov 2014
