Saisonniers : deux questions à un syndicaliste CGT
Après la journée d’action des saisonniers et une nouvelle manifestation devant la préfecture, nous avons posé deux questions au syndicaliste CGT Pierre Scholl qui a bien voulu « jouer le jeu ». Nous l’en remercions.
Les Allos : Pierre, au fond, qui sont les saisonniers ?
PS : les saisonniers sont des travailleurs précaires qui travaillent dans des secteurs dont l’activité est liée aux rythmes des saisons ou aux modes de vie collectifs. On pense souvent aux stations de ski pour l’hiver (serveurs, plongeurs, pisteurs, perchmans, etc), ou aux activités touristiques estivales (surveillants de baignades, hôtellerie, restauration, parcs d'attraction...). On compte aussi beaucoup de saisonniers dans l'agriculture (vendanges, récoltes, ostréiculture...). Le commerce, notamment dans les zones touristiques, fait beaucoup appel aux saisonniers, ainsi que certaines industries (Jouets pour Noël, chocolats pour Pâques).
Dans certains cas, notamment dans le domaine du ski, le contrat saisonnier peut être reconductible automatiquement. Ce CDD particulier est dispensé de la prime de précarité (10%), qu'il soit reconductible ou non. En général, ces activités sont intensives, pénibles, et le droit du travail y est peu respecté, particulièrement dans l'hôtellerie restauration et les activités agricoles.
Sociologiquement, on distingue trois types de saisonniers. Les " nomades", souvent jeunes, qui traversent la France au gré des saisons, parfois en camionnettes aménagées, ou logés par l'employeur dans des conditions souvent dures. Les "locaux" qui alternent les saisons reconduites avec d'autres activités ou petits boulots dans le BTP, l'industrie ou autre. Les travailleurs étrangers (d’Afrique ou d’Europe de l'Est) qui sont souvent les plus exploités et travaillent dans les conditions les plus indignes (Plongeurs, femmes de chambre, saisonniers agricoles).
Les Allos : Quelles sont les raisons de la mobilisation actuelle ?
PS : La colère qui a poussé les saisonniers à se mobiliser porte sur 3 grands points. D’abord, le projet de retraite par points les touche particulièrement, comme tous les précaires. Ensuite, la modification des règles d'indemnisation du chômage va priver certains d'entre eux de leurs droits et va, pour beaucoup, faire baisser les indemnités de 20 a 50%, les jetant dans le dénuement. Enfin, il y a le risque de voir disparaître la convention collective des domaines skiables, qui oblige notamment les employeurs à reconduire les contrats tous les ans. Ces mesures sont très graves pour les travailleurs et risquent aussi d'avoir des conséquences désastreuses sur l'économie touristique et la vie de nos vallées.
