Editorial
La «rigueur» et le traité Sarkozy Merkel ne sont pas la solution, ils sont le problème !
Alain Dupenloup
Dans sa déclaration de politique générale devant les députés, le premier ministre Jean-Marc Ayrault a voulu « rassurer » les électeurs de gauche, mais il a bel et bien annoncé la mise en œuvre d’une politique de rigueur, c’est-à-dire d’austérité.
Certes, la gauche n’est pas la droite. En baissant le montant de l’impôt sur la fortune, en instituant le « bouclier fiscal » pour diminuer fortement l’imposition des plus riches, en supprimant des « charges sociales » pour les grandes entreprises, en défiscalisant les heures supplémentaires, en allégeant les droits de succession, etc, la droite a vidé les caisses de l’Etat et aggravé considérablement les inégalités (les injustes hausses de TVA ayant été décidées pour compenser un peu le manque à gagner !). Aussi, en supprimant plusieurs des avantages accordés aux riches par Nicolas Sarkozy, en voulant frapper « ceux qui ont été exonérés des efforts collectifs » par ce dernier, en annulant l’augmentation de la TVA prévue en octobre, Jean-Marc Ayrault essaie, à juste titre, de « redresser la barre ».
Mais, sur les dossiers sociaux les plus lourds, il refuse d’accroître l’investissement social ! Le « coup de pouce » donné au Smic n’est qu’une pichenette, l’augmentation (justifiée) du nombre des postes dans l’Education nationale pourrait s’accompagner d’une baisse (inacceptable) de ceux donnés à la Santé, et, s’il y a une avancée sur la question de la retraite à 60 ans, l’abrogation de la « réforme » de Nicolas Sarkozy n’est pas à l’ordre du jour.
Ce refus d’une vraie politique sociale est lié à la crainte d’affronter les marchés financiers et au refus d’exiger l’abrogation du traité Sarkozy Merkel (l’ajout d’un alinéa sur la croissance n’en changera pas la nocivité). Ce plan instaure l’austérité à vie pour les peuples. Il est injuste (seuls les nantis en profiteront), et il aggravera la crise, car l’austérité diminue les capacités d’achat des citoyens, limite donc l’écoulement des productions, réduisant l’activité des entreprises et empêchant toute reprise de la croissance. Il n’y a pas besoin d’être passé par l’ENA pour le comprendre !... Pour ces raisons, les députés du Front de gauche (qui refusent de mélanger leurs voix avec celles de la droite) se sont abstenus. En s’appuyant sur les mobilisations sociales, ils espèrent obtenir un référendum sur le traité Sarkozy Merkel et susciter une résistance gouvernementale aux exigences des marchés financiers. Ils ont raison.