Editorial
Pour le Président de la République, comme on vit plus vieux, on doit travailler plus longtemps. La répétition en boucle de cette maxime apparemment de bon sens n’en fait pas une vérité pour autant.
D’une part, parce que les éléments qui entrent dans le calcul de l’espérance de vie intègrent bien davantage que l’allongement de sa durée : baisse des accidents de la route, recul de la mortalité infantile …
D’autre part, parce que chaque Français produit de plus en plus de richesses par heure de travail.
L’argument de la démographie n’en est pas un non plus : la natalité en France se porte bien et le renouvellement des générations, moyennant une légère immigration, est assuré.
A la vérité, c’est le travail des actifs qui finance les pensions et c’est le travail qui manque, de plus en plus. Chaque fermeture d’emploi, décidée généralement pour accroître les profits, creuse le déficit des caisses de retraite bien plus sûrement que l’amélioration de l’espérance de vie : avec 100 000 chômeurs de moins, les caisses de retraite gagneraient 1 milliard d’euros. Avec une augmentation de 1% de la masse salariale, c’est un gain de 800 millions et avec la hausse des rémunérations des femmes à la hauteur de celles des hommes, 60 millions.
Il faut donc d’urgence prendre des mesures pour combattre les licenciements boursiers.
Il faut aussi financer les retraites par une meilleure répartition des richesses, comme l’a dit à juste titre le Secrétaire des Jeunes Socialistes, remarquant au passage que les jeunes ne supportent plus d’être opposés à leurs aînés sur un sujet qui les concerne aussi, eux qui ne savent même plus quand ils pourront prendre leur retraite.
L’alourdissement des impôts n’empêche pas les entreprises du CAC 40 d’augmenter leurs profits, et les plus riches d’être toujours plus riches … Après des années de cadeaux, il faut arrêter de nous parler de « répartition équitable des efforts » ! Une réforme de l’aide aux entreprises et de la fiscalité s’impose.
Ce sera la quatrième réforme des retraites depuis 20 ans.
Et ce ne sera pas la dernière, car faute de prendre les mesures que je viens d’énoncer, on ne peut affirmer que l’avenir des retraites est assuré !
Céder conduira la cupidité des profiteurs à plus d’appétit encore : on les entend déjà mettre en cause la Sécurité Sociale et les Congés Payés …
Nous n’avons pas d’alternative que de les affronter, et nous aurions aimé avoir pour cela un gouvernement et des élus de gauche à nos côtés.
