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Les Allobroges - N°885

Editorial

Actionnaires repus, salariés à la diète, voilà le coût du capital !
Alain Dupenloup
 
Analysant l’état du pays, le PCF écrit : «30 années de partage de la valeur ajoutée se soldent par une explosion des dividendes versés aux actionnaires, tandis que la part revenant à la rémunération du travail a reculé».
Et pourtant, les «experts» économiques bien en cour, les grands journalistes et les commentateurs qui «font» l’opinion le répètent à satiété, le problème de l’économie française ,c’est «le coût du travail». Du coup, au nom de cette soi-disant vérité, cela fait 30 ans que des gouvernements élaborent mesure sur mesure pour alléger ce prétendu «fardeau» des entreprises. Loin de prendre ses distances avec cette démarche, le gouvernement Ayrault en rajoute une grosse louche avec les 20 milliards du crédit d’impôt compétitivité accordés aux entreprises. Il est vrai que la pensée libérale et ses dogmes imprègnent la réflexion de la majorité des dirigeants du PS.
Or, les chiffres de l’Insee devraient permettre à la fois un autre diagnostic et une autre orientation. En effet, d’après les comptes nationaux des entreprises non financières, depuis le début des années 1980, le partage de la richesse créée n’a pas évolué à l’avantage du travail, bien au contraire. Qu’on en juge : en 1981, la masse salariale représentait 72,9 % de la valeur ajoutée, alors qu’en 2012 elle n’en représente plus que 66,6 %. Par contre, la part de la valeur ajoutée revenant au capital (intérêts versés aux banques et dividendes donnés aux actionnaires) est passée de 39,1 milliards d’euros à 298,6 milliards (soit plus de 7 fois la «mise de départ» !). Les seuls dividendes, qui pesaient 5 % de la valeur ajoutée il y a 30 ans, en représentent 22,4 % en 2012.
Les entreprises versent donc entre 4 et 5 fois plus de dividendes actuellement que dans les années 1980, alors que, dans le même temps, elles ont comprimé la part de plus-value ,allouée au travail !
On constate d’ailleurs que, crise ou pas, c’est toujours aux salariés de «faire des efforts» (et, la rare fois où une responsable CGT était passée à l’émission «C dans l’air», elle l’avait dit, créant un étrange et long mutisme chez les autres invités, ultralibéraux, eux). Ils doivent en faire pour redresser le pays quand ça ne va pas, et ils doivent en faire pour ne pas remettre en cause le redressement quand ça va bien. Par contre, que ça aille bien ou que ça aille mal, que la santé des entreprises soit bonne ou mauvaise, les actionnaires sont désormais toujours gagnants, leur rémunération est toujours à la hausse.
Les «penseurs» libéraux justifient cette profonde injustice d’une manière «morale» et faussement naïve en expliquant que ce sont les financiers qui prennent des risques en investissant, exposés, les pauvres, à des revers de fortune (sic !)… Mais en réalité les risques ont été transférés sur les salariés, l’emploi et les rémunérations étant les véritables variables d’ajustement.
Ajoutons que la baisse relative du «coût du travail» n’a pas favorisé l’investissement : en 2012, il représente la même part de valeur ajoutée qu’en 1981, soit 19,4 %. Alors, face au mensonge ultralibéral, menons campagne pour dénoncer le coût du capital.