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Les Allobroges - N° 890

 

Editorial
 
Nous avons besoin d’une véritable révolution fiscale
Alain Dupenloup
 
«Le pavé parisien a repris le 1er décembre les couleurs de la gauche», dit un tract du PCF. Et c’est vrai. Les dizaines de milliers de marcheurs ont redonné du sens et de la perspective à une contestation sociale qui partait un peu dans toutes les directions. Les drapeaux rouges de la place d’Italie n’avaient rien de commun avec l’opération camouflage de «bonnets rouges» manipulés par le patronat. Au lieu du discours populiste, démagogique et hypocrite sur «le ras-le-bol fiscal», on a entendu s’exprimer l’exigence claire et progressiste d’une révolution fiscale. Ce n’est pas la même chose.
L’idée de révolution fiscale met la justice sociale au coeur de l’impôt, chacun devant contribuer au fonctionnement de la société selon ses moyens. L’exaspération populaire tient moins du ras-le-bol fiscal que du ras-le-bol de l’injustice fiscale.
Car, en France comme ailleurs, les défenseurs du «moins d’impôts» sont les mêmes qui trouvent qu’il y a trop d’Etat, trop de fonctionnaires, trop de dépenses sociales, ce sont les partisans de la régression sociale et de l’ultralibéralisme débridé. Ils ne sont pas, et ne seront jamais, du côté des salariés et de la démocratie.
Pour les communistes, qui veulent, au contraire, travailler au changement social, il faut, pour y parvenir, une politique fiscale efficace et équitable. François Hollande semblait le penser au cours de sa campagne électorale, puis il y a renoncé.
Mais, aujourd’hui, Jean-Marc Ayrault parle de «remettre à plat» la fiscalité. C’est à la fois un aveu d’échec des choix faits en la matière depuis mai 2012, et une manière (non voulue !) de donner raison au Front de gauche.
Alors, si le gouvernement entend réellement remettre les choses à plat dans le sens d’une plus grande justice fiscale, nous sommes preneurs ! Mais il lui faut commencer par annuler la hausse de la TVA prévue pour 2014 (et qui se soldera par une facture de 6 milliards d’euros volés en majorité aux foyers modestes pour éponger une partie des 20 milliards du cadeau fiscal accordé aux entreprises).
L’impôt sur la consommation est le plus injuste de notre système fiscal. Il est un héritier lointain de la gabelle de l’Ancien régime.
Comment peut-on justifier que la TVA prenne 11,5% du budget d’une famille ayant un revenu annuel de 20 000 euros, et seulement 7,5% d’un revenu de 100 000 euros ? Que penser d’une fiscalité des entreprises qui épargne généreusement les plus grandes ? Pourquoi se contenter de belles paroles contre les dissimulations de fortunes et l’évasion fiscale, alors qu’il y a là des dizaines de milliards d’euros à récupérer pour une grande politique sociale ?
La marche sur Bercy n’est qu’une étape du combat pour larévolution sociale et fiscale que nous voulons. Elle passe par un grand débat dans tout le pays pour l’écriture collective d’unprojet de réforme, elle passe par la tenue d’Etats généraux de laréforme fiscale. Le Front de gauche peut les impulser, retrouvant son rôle de rassembleur, et les communistes feront tout pour qu’il en soit ainsi.