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Réforme territoriale en Savoie - Les déclarations des élus Front de gauche du Conseil général

L’intervention de Christiane Lehmann

Concernant le projet de redécoupage des cantons en Savoie, Christiane Lehmann a déclaré : «La question essentielle à laquelle les départements sont confrontés, c’est leur capacité à répondre aux besoins de la population». Notre camarade pointe alors les difficultés auxquelles les élus doivent faire face, «les personnes âgées qui ont besoin d’aide, les foyers qui n’arrivent pas à boucler les fins de mois, les projets qu’ils souhaiteraient mettre en oeuvre dans leur canton», les questions de l’emploi, de l’agriculture ou du développement du tissu associatif .
L’élue d’Aiguebelle pose ensuite la question qui fâche» : en quoi la réforme territoriale répond-elle aux inquiétudes des élus ? Et elle répond : «cette réforme ne résoudra en rien les difficultés de nos concitoyens, n’apportera rien de plus au Département ».
Pour la justifier, poursuit Christiane Lehmann, «on invoque la cohérence». Mais où se trouve la cohérence quand on traite de la même façon l’urbaine Seine-St-Denis et la rurale Savoie ? L’élue communiste continue : «pour que le nouveau canton de St Pierre-d’Albigny, à cheval sur deux circonscriptions législatives, trouve sa cohérence, il faudra du temps»… En réalité, la seule «cohérence» palpable est «une représentation accrue des villes au sein de l’Assemblée départementale, alors que les territoires ruraux ont un besoin vital de la solidarité portée par le Conseil général. Prenons garde à ne pas déboucher sur des ilots de prospérité dans un océan de misère».
«On nous dit également qu’il faut que chaque canton ait un nombre à peu près équivalent d’électeurs». C’est un souci parfaitement respectable, «mais le mode de scrutin choisi élimine toute une série d’électeurs, à savoir ceux qui ne votent ni PS, ni UMP», réduisant ainsi le pluralisme politique à sa plus simple expression. Christiane Lehmann se prononce donc en faveur du scrutin proportionnel et demande, «comme beaucoup d’élus de la Maurienne», que l’intégrité de la vallée soit préservée (ce qui implique 3 cantons pour la Maurienne). Le débat a ainsi été lancé devant le Conseil général de la Savoie (qui refusera majoritairement le découpage proposé par le préfet. Voir le numéro précédent des Allos).

La déclaration de Jean-Louis Portaz

Pour Jean-Louis Portaz, si l’idée de cantons ayant le même nombre d’électeurs est séduisante (bien que ce ne soit toujours pas le cas dans le projet préfectoral), d’autres éléments sont à prendre en compte. En effet, cette «égalité» ne rend pas compte des différences qui existent entre les cantons, que ce soit en termes du besoin d’équipements, de services à apporter au public, ou en termes d’entretien et de fonctionnement, compétences exercées aujourd’hui par le Département.
Expliquant que le scrutin proportionnel ferait de l’élu départemental un gestionnaire du département, Jean-Louis Portaz note que «cette perspective pourrait s’entendre à la seule condition que le Département garde sa compétence générale.
La proposition préfectorale n’est, hélas, pas celle-ci, puisque, de manière incohérente, on cherche à allier deux mécanismes incompatibles, l’égalité démographique d’une part, et un scrutin majoritaire d’autre part.
Soit il s’agit d’éliminer du paysage certaines formations qui vont laisser des plumes dans l’élargissement des cantons, soit il s’agit de jeter les bases des rôles qu’on entend donner au département et aux nouveaux cantons dont les périmètres s’identifieraient à des intercommunalités déjà existantes».

Estimant que le projet, contrairement aux objectifs affirmés, «conduira, dans bon nombre de futurs cantons, à l’effacement du rôle d’élu de proximité qui était le nôtre au profit d’une gestion administrative», Jean-Louis Portaz regrette qu’on ne prenne pas en compte la spécificité d’une vallée de 120 km de long (spécificité qu’on ne peut pas mettre sur le même plan que celle d’une zone urbaine regroupée, même d’une démographie semblable).

Jean-Louis Portaz conclut : «Notre département et les territoires de montagne méritaient une autre attention que celle qui a été apportée à ce projet, et la conception que nous nous faisons de notre rôle est d’abord celle d’un élu qui soit au plus près des réalités du terrain pour les porter devant notre Assemblée. Voilà les raisons pour lesquelles nous sommes en total désaccord sur le projet présenté».