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La nostalgie des colonies, une maladie à combattre

Dans de nombreuses villes de France, un hommage a été rendu aux morts en Indochine lors de la 10e journée nationale prévue à cet effet. Cela a parfois permis à des nostalgiques des colonies d’en embellir le souvenir. Et ces tristes tentatives de réhabilitation ne reculent ni devant le mensonge, ni devant l’outrance.
Les colonies ont été une extraordinaire violence faite aux peuples colonisés. Violence physique, avec les massacres, les viols, les villages brûlés, les emprisonnements arbitraires et les tortures infligées aux opposants (aurait-on oublié l’affreuse réalité du bagne de Poulo-Condor dans l’Indochine coloniale ?), violence sociale avec les terres volées aux paysans autochtones et données aux colons, le travail forcé (sait-on qu’au début du 20e siècle les travailleurs indochinois exploitant le charbon à Hongay le faisaient «gracieusement» ? Braves gens…), violence culturelle avec la négation et l’écrasement des cultures locales, avec la banalisation du racisme.
En Algérie, en Indochine, à Madagascar, en Nouvelle Calédonie, partout, la résistance des peuples colonisés a été incessante, toujours affreusement réprimée, toujours renaissante.
Ils ne devaient pas trouver le système aussi valorisant que le prétendent ses thuriféraires !... En 1930, la révolte de la garde indochinoise de Yên Bài en témoignera avec force. Et si les forces du Viêtminh purent se reconstituer aussi facilement après chaque bataille, c’est qu’une partie majoritaire de la population les soutenait. Quelques rares officiers français moins obtus que les autres, ou tout simplement lucides, le reconnurent.
Le Dauphiné-Libéré du 3 mai, rendant compte de la cérémonie albertvilloise en l’honneur des morts d’Indochine, écrit : «Bien que devenu légendaire, le nom de Diên Biên Phu ne doit pas rester seul dans les mémoires»… Nous proposons effectivement d’y ajouter Cao Bang, où, en 1950, l’armée coloniale française se prit une pâtée mémorable sur la route coloniale 4, et la bataille de la Rivière Noire où la même armée ne dût sa «victoire» qu’en s’enfuyant le plus rapidement possible… Mais ce qui frappe dans le compte-rendu du quotidien régional, c’est l’absence des mots «colonie, coloniale, colonisateurs». C’est pourtant dans ces mots que réside l’origine du conflit, la banque d’Indochine, le trafic des piastres et le mépris des populations locales étant constitutifs du système colonial en Asie du Sud-est.
Enfin, pour conclure provisoirement cette courte contribution, notons la phrase citée par le DL, extraite d’un piètre «poème» du chef de bataillon Pierre-Paul Bedot, «poème» dédié aux soldats du corps expéditionnaire, «Gloire à ceux qui, du Nord jusqu’à la Cochinchine, ont lutté vaillamment et sans courber l’échine (…) pour sauver l’idéal qui a nom liberté»… Cette «liberté» était celle des colons, elle ne pouvait s’exprimer que sur le dos d’un peuple entier voué à l’esclavage colonial et qui, précisément, ne voulut plus «courber l’échine».