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Riposter à la nouvelle peste brune ne passe pas par un retour au Front républicain

Des résultats qui font mal, une réflexion nécessaire, une riposte qu’il faut lucide

Le score des listes du Front national aux européennes «interpelle », comme on dit aujourd’hui. Avec près de 25% des suffrages exprimés, plus de 4 700 000 voix recueillies, en tête dans 71 départements, avec 24 élus européens, le parti de Marine Le Pen s’est beaucoup renforcé, il ne faut pas nier l’évidence.
Certes, les médias ont tout fait pour qu’il en soit ainsi, assurant l’indécente promotion d’un parti raciste sans états d’âme apparents. Si Pierre Laurent était passé autant de fois que Marine Le Pen à la télévision, les résultats du Front de gauche auraient sûrement été meilleurs. C’est clair, pour une partie de la haute bourgeoisie, il vaut mieux le FN que la revendication sociale.
Mais la bien réelle promotion médiatique de Marine Le Pen n’explique pas tout. La déception de l’électorat populaire face à la politique de droite de François Hollande compte pour une grande part dans le pourcentage du FN. En renonçant à tout changement, en reniant ses engagements (pourtant déjà modestes), le Président de la République a fragilisé toute la gauche.
Et le fait qu’il reste «droit dans ses bottes» malgré cela pousse à se demander si ce n’était pas un peu le but recherché… Une politique ultralibérale est plus facile à mettre en oeuvre quand les forces alternatives disparaissent que quand elles se renforcent.
D’une manière très politicienne, le PS invite tous les républicains à se rassembler contre le FN, au sein d’une sorte de grand «Front républicain», mais sans remettre en cause les choix politiques qui ont conduit au score de ce parti. Ça ne peut pas marcher comme ça ! Pour faire reculer le Front national, il faut redonner de l’espoir aux 60% de Français qui se sont abstenus, qui ne veulent plus de l’austérité, qui attendent du gouvernement une politique de progrès social. C’est pourquoi la riposte au FN va de pair avec la condamnation claire et sans équivoque de la politique d’austérité.

A propos de l’immigration, une contribution de Marie-Christine Vergiat rétablit la vérité

Réélue députée européenne du Front de gauche (circonscription du Sud-est), Marie-Christine Vergiat a tenu à rétablir la vérité sur les «chiffres migratoires». Dans un communiqué (qui répond aux mensonges du FN), elle écrit : «Marine Le Pen et le FN nous répètent en boucle que l’immigration aurait augmenté de 48% en un an en Europe. Qu’en est-il en réalité ?
L’agence européenne Frontex, qui comptabilise chaque année les passages illégaux détectés aux frontières européennes, donne des chiffres bien différents.
Les passages illégaux étaient de 159 881 en 2008, de 104 599 en 2010, de 141 051 en 2011 (suite aux différents printemps arabes), de 73 000 en 2012 et de 107 360 en 2013 (nouvelle augmentation due à la crise syrienne). Marine Le Pen ne se sert que des deux chiffres de 2012 et 2013 pour asseoir sa démonstration, mais, si l’on prend tout en compte, on peut tout aussi bien dire que l’immigration en Europe a baissé de 33% en 5 ans !». On voit bien là combien le FN manipule les chiffres.
Marie-Christine Vergiat continue ensuite en détaillant la réalité des choses. 505 millions de personnes vivent sur le territoire de l’Union européenne, dont 20 millions viennent d’ailleurs, ce qui ne représente que 4% de la population totale. Il convient donc de relativiser les choses. Plus des trois quarts de ces 20 millions de personnes sont concentrés dans 5 Etats de l’Union européenne, l’Espagne (où ils représentent 12,2% de sa population), l’Allemagne (8,5% de sa population), l’Italie (7,5%), l’Angleterre (6,6%) et la France (où ils ne représentent que 5,8% de la population !).
On pourrait évidemment expliquer en quoi l’immigration est une chance pour l’Europe, parler des droits de l’Homme et du respect de la personne, rappeler la nécessité de la solidarité entre tous les salariés, on se contentera de conclure, à la lecture de ces chiffres, que Marine Le Pen ment, qu’elle ment énormément.

La CGT, la FSU, SUD, l’UNEF, l’UNL et la FIDL s’engagent contre le FN

Dans un communiqué particulièrement fouillé et argumenté, ces six organisations syndicales de salariés et de jeunes ont répondu point par point aux «arguments» du FN. Les six organisations écrivent qu’en changeant son discours selon les saisons et les publics, le FN veut apparaître comme le soutien des salariés. Mais le FN est contre la réduction du temps de travail qui constitue pour lui «une désorganisation des entreprises et une hausse injustifiée de la masse salariale», il veut en finir avec le code du travail «pour libérer le travail des entreprises de l’étatisme», il est contre la grève (assimilée à «une prise d’otage» hostile à «l’intérêt national», mais si, mais si, comme on vous le dit), et contre les syndicats. Le patronat adore.
Syndicats et organisations de jeunes écrivent aussi : «Face à la mondialisation libérale, les réponses protectionnistes du FN ne visent qu’à protéger le capitalisme national sans s’attaquer à l’antagonisme capital travail et à la financiarisation de l’économie ».
Enfin «la préférence nationale» prônée par le FN est décrite pour ce qu’elle est, à savoir un projet raciste qui, en voulant réserver les emplois, les logements et les aides sociales aux seuls détenteurs de la nationalité française en exclura une bonne partie des classes populaires. Et l’argent ainsi «économisé» ira tôt ou tard grossir le patrimoine des riches. Aussi, face à la division voulue par le FN et espérée par le patronat, il nous faudra expliquer encore et toujours que c’est l’union qui fait la force.