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Les Allobroges - N°910 - 18 Novembre 2O14

EDITO

Toujours gagnant, jamais content, le Medef menace encore. Ripostons !

Alain Dupenloup

Au matin du 17 novembre, sur France inter, un grand patron répondait aux timides questions d’un journaliste. Non, pour lui, le pacte de responsabilité n’était pas un considérable cadeau financier fait au patronat, mais une faible compensation de ce qui lui a été pris…

Oubliés, les profits en augmentation, la part exponentielle versée aux actionnaires, les bénéfices non déclarés dans les paradis fiscaux, le scandaleux montant des retraites perçues par les dirigeants des entreprises, les innombrables baisses de cotisations sociales consenties aux sociétés, l’emploi conçu comme variable d’ajustement, les usines fermées ou délocalisées, les ouvriers jetés à la rue avec des indemnisations ridicules, les salaires en berne, le chômage en augmentation, l’explosion de l’emploi précaire, le développement d’une nouvelle misère, oubliés ! Le message est clair : on n’en a pas encore assez ! Il est, d’une part, destiné aux citoyens pour qu’ils acceptent les «demandes» patronales sans protester, et, d’autre part, au gouvernement que le Medef sait sensible à ses «arguments».

Au coeur du pacte de responsabilité, il y a le crédit d’impôt compétitivité emploi, le Cice, qui constitue un cadeau fiscal d’une ampleur inédite fait au patronat, cadeau destiné à abaisser «le coût du travail». Il devrait déboucher sur des investissements et des créations d’emplois. Comme ce n’est pas le cas (sauf très rares modestes exceptions), comme cet argent sert essentiellement à gonfler les portefeuilles d’actions et les diverses rémunérations des possédants, ces derniers utilisent le mensonge pour justifier l’inacceptable.
Ainsi, l’Association française des banques affirme vouloir créer 1 300 emplois supplémentaires par rapport à 2013, et ce, grâce au Cice. Cette création représente une dépense de 35 millions d’euros par an. Le chiffre impressionne, mais si on le compare au 1,3 milliards d’euros que le pacte de responsabilité va rapporter aux banques, on relativise. De plus, et c’est en cela que réside le mensonge, l’essentiel des embauches et initiatives bancaires correspond à des projets déjà prévus, pas à de nouveaux investissements. Même mensonge dans l’industrie chimique où les embauches annoncées comme étant la conséquence du Cice correspondent en réalité au rythme habituel des embauches, rythme qui ne compense pas les départs à la retraite. En fait, il y a baisse de l’emploi global !

Dans la métallurgie, le patronat fait «des efforts» et supprimera moins d’emplois que prévu… Les 4 milliards d’argent public offerts à la métallurgie sauveront 30 000 emplois. Ça fait cher l’emploi ! Il est vrai que les grandes surfaces font encore mieux : le Cice sert à financer des plans «sociaux»…

Alors il ne faut pas se laisser apitoyer par les larmes de crocodile du grand patronat. Et sa menace de «descendre dans la rue» pour obtenir la casse définitive de toute réglementation doit être combattue. «Ils» veulent descendre dans la rue ? Nous la connaissons mieux qu’eux et saurons y retourner pour exiger une vraie politique de gauche dans notre pays.