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Les Allobroges - N°935 - 19 Janvier 2O16

EDITO

Goodyear, l’intolérable (in)justice de classe sur fond d’état d’urgence

Alain Dupenloup

Préparée un peu «en catastrophe», la manifestation chambérienne de solidarité avec les Goodyear a rassemblé au moins 300 personnes devant la Préfecture, témoignant d’une grande émotion. Un simple rappel des faits l’explique.
Pour défendre leurs emplois, les salariés de Goodyear ont mené sept ans de luttes parfois très dures contre un patronat de choc n’hésitant pas à utiliser des hommes de main et des vigiles brutaux contre les syndicalistes. Mais nombre des plaintes déposées par la CGT face à la situation dans l’entreprise d’Amiens ont été classées sans suite ! Goodyear a néanmoins été condamné «pour ne pas avoir prévenu les salariés des dangers et ne pas avoir fourni d’équipements de protection individuels», l’amiante ayant entraîné des décès prématurés.
C’est dans ce cadre d’un combat difficile et courageux que se situe l’épisode anecdotique de la « séquestration » de deux cadres que les militants CGT ont même protégé de la colère des salariés.
La plainte desdits cadres ayant été retirée, la condamnation, par le tribunal correctionnel d’Amiens, de huit syndicalistes à neuf mois de prison ferme n’a pu se faire, au minimum, qu’avec «la compréhension» gouvernementale. Ce verdict scandaleux, inadmissible, témoigne de la volonté du patronat et de ses amis politiques de casser toute résistance sociale dans notre pays. Et l’état d’urgence est évidemment détourné de ses objectifs premiers («officiels») pour créer une «ambiance » favorisant la criminalisation de l’action syndicale.
C’est pourquoi, ni sa prolongation, ni, a fortiori, son inscription dans la constitution ne sont acceptables pour les démocrates.
Cette criminalisation (policière, juridique, gouvernementale), on la retrouve au travers des très lourdes sanctions infligées à des salariés d’Air France, au travers de l’incroyable jugement infligé à l’inspectrice du travail Laura Pfeiffer, au travers de ce qui s’est passé à Téfal, pour ne s’en tenir qu’à l’actualité récente. Policière, quand on sait comment s’est passée l’interpellation matinale des salariés d’Air France, juridique bien sûr, et gouvernementale si l’on se souvient des propos de Manuel Valls traitant les manifestants d’Air France de «voyous».
Il s’agit bien d’un choix de classe approuvé par Pierre Gattaz qui estime, dans une interview, que les condamnations des syndicalistes de Goodyear prouvent que la justice fait son travail, et que les milliers de licenciements frappant les salariés ne sont que l’adaptation normale et inévitable «à la mondialisation» !...
Ben voyons.
C’est ce même choix de classe qui explique pourquoi l’ancien trader Jérôme Kerviel a tant de mal à se faire entendre face à la puissante Société générale.
D’ailleurs, les vrais délinquants ne seraient-ils pas à chercher à la tête de grandes sociétés qui pratiquent l’évasion fiscale comme un jeu, ou au sein du pouvoir politique où l’on accorde un cadeau fiscal de 2 milliards d’euros à une banque pourtant condamnée par l’autorité bancaire pour avoir fauté ? Face à l’injustice de classe, la révolte est légitime.

 

 

Par Alain Dupenloup, le 19 janvier 2016

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