EDITO
Ils disent «sécurité» mais pensent «ordre moral» !
Alain Dupenloup
Au nom de la sécurité, Laurent Wauquiez, le nouveau président de Rhône-Alpes Auvergne, situé très à droite de l’échiquier politique, s’est lancé dans l’installation de tourniquets pour filtrer les entrées dans une quinzaine de lycées de la Région. Même la ministre de l’Education Najat Vallaud-Belcacem a exprimé sa «perplexité» quant à l’efficacité de la mesure… Il faut dire que, créer des files d’attente pour passer à travers un tourniquet n’est sûrement pas le nec plus ultra de la sécurisation !
A Louis Armand, lycée des Hauts de Chambéry concerné par le projet (voir notre article en page intérieure), les choses ne sont pas allées de soi, personnels et lycéens refusant tourniquets et caméras de surveillance. Les lycéens se sont mobilisés et ont bloqué les entrées de l’établissement. Nos photos montrent les banderoles et les dessins de caméras barrées réalisées par les jeunes. Le référendum organisé par le Conseil de vie lycéenne sur le sujet a obtenu un taux de participation plus que respectable (57,14% des 1 428 élèves ont répondu !), 90,36% des votants rejetant le projet de Laurent Wauquiez. Cela s’appelle une claque.
Devant cette forte mobilisation, «la Région a fait savoir qu’elle suspendait la mise en place de tourniquets et de caméras».
C’est un premier recul et le Dauphiné-Libéré titre : La Région lâche du lest». «L’intransigeant» Laurent Wauquiez est comme Manuel Valls, quand ça résiste, il manoeuvre. Mais cela prouve que l’action est efficace quand elle est rassembleuse.
Pourquoi donc Laurent Wauquiez s’est-il lancé dans cette «aventure» ? Les lycéens en savent la nocivité. L’un d’eux (en terminale à Louis Armand) estime que «la réponse à la violence ne se fait pas par la peur», et constate lucidement que «ce portique fait peur et crée un climat tendu».
Et c’est bien là le but réel poursuivi aussi bien par la droite que par le gouvernement socialiste, faire peur, créer un climat tendu pour faire accepter à la jeunesse et aux salariés les réformes ultralibérales qu’ils combattent à juste titre.
Ils disent «sécurité», mais ils pensent «ordre moral». La société autoritaire qu’ils veulent est celle qu’exige le Medef. Et la pratique du gouvernement socialiste comme les propositions des Républicains de Nicolas Sarkozy sont la réponse à cette exigence.
Les regroupements de communes et d’intercommunalités éloignent les lieux de décisions des citoyens (le projet Gaymard Monteil de fusion des deux Savoie s’inscrit dans ce cadre), la loi El Khomri veut livrer au patronat des salariés isolés, désarmés, la volonté de faire entrer l’état d’urgence dans la constitution entend pérenniser l’état de peur.
Inséparable de l’authentique idéal républicain, la démocratie est un enjeu très fort de la lutte des classes. Et rien ne peut demeurer en l’état, le statu quo n’est plus possible. «Ils» veulent dynamiter les acquis démocratiques de notre peuple, nous voulons les étendre comme jamais, dans la société et dans l’entreprise. Une VIème République est à l’ordre du jour.
Par Alain Dupenloup, le 29 March 2016
Sommaire : Editorial - A propos de la suppression d’un train de nuit - Chambéry : toujours au sujet de la privatisation du funérarium - Riche débat à Petit Coeur - Aix les Bains : il faut un débat sur la réhabilitation des thermes - Chambéry : le plan de déplacements contesté - La lutte à Carbone Savoie - Allos sports.
Par Alain Dupenloup