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Près d'un mois après le début du déconfinement, les rassemblements de plus de dix personnes sont toujours interdits que ce soit à l'extérieur ou dans des lieux fermés relevant de l'espace public. Les journalistes évoquent des rumeurs parlant d'un élargissement de cette règle au seuil de 20 personnes mais cela règlerait-il la question de fond ici posée ? De fait, les manifestations, meetings, piquets de grève, tractages aux ronds points, réunions syndicales ou politiques sont actuellement interdits dès lors qu'ils seraient susceptibles de rassembler plus de dix personnes et le seuil élevé à 20 ne changerait pas grand chose à l'affaire.
Mais me direz-vous : « c'est pour notre bien, c'est pour nous protéger. Les français sont réputés indisciplinés et ne respecteraient pas les gestes barrières, la distance sociale ... »

Soit admettons, le motif serait louable. Mais dans ce cas, pourquoi deux poids deux mesures ? Les patrons et les actionnaires, pour leur part, ont immédiatement retrouvé tout l'espace de liberté dont ils pouvaient rêver, et même plus puisque par exception, on les autorise à déroger massivement aux 35 heures et aux heures consécutives de repos, à nous reprendre une semaine de congé payés … S'il s'agit de sécurité sanitaire, n'est-il pas plus dangereux de prolonger la durée d'exposition à ses collègues ou à la clientèle dans un lieu clos ? 48 heures ne seraient elles pas plus dangereuses que 35 surtout dans les conditions de travail actuelles qui sont loin d'assurer la sécurité sanitaire de tous ?
Mais le problème est plus profond. On nous vend le capitalisme comme seul régime économique capable de préserver la démocratie. Et d'ailleurs nous dit-on, dans tous les pays capitalistes avancés, les textes constitutionnels garantissent des contrepoids au pouvoir patronal tels que la liberté d'expression, la liberté syndicale, le droit de réunion, le droit de manifester, le droit de créer des partis et d'y participer librement dans un cadre pluraliste et que sais-je encore. Parce que c'est vrai, la liberté d'entreprendre comprenant notamment celle d'embaucher qui on veut et de licencier, de décider seul de ce qui est produit, de délocaliser et relocaliser comme bon vous semble en mettant les mains d’œuvre du monde entier en concurrence, ce serait un véritable arrêt de mort sociale si les entrepreneurs pouvaient s'en servir à tout va sans qu'il y ait aucune force en face pour mettre des limites à ce pouvoir totalement disproportionné. C'est bien pour cela qu'à force de luttes successives, les travailleurs ont réussi à ce que l'on introduise parmi les principes constitutionnels, notamment dans le préambule de 1946, les contrepoids cités plus haut.

Le gouvernement a institué une période de déconfinement dans laquelle les patrons et les boursicoteurs retrouvent toutes leurs prérogatives, face à une force de travail totalement muselée. Mais ce déséquilibre n'a pas choqué le Conseil Constitutionnel qui a validé sans broncher. Il fallait, nous dit-on; faire repartir l'économie tout en tenant compte de l'urgence sanitaire. C'est une mesure d'exception face à une crise exceptionnelle.

Soit, mais alors, exception pour exception, ne pouvait-on pas, tout en laissant les entreprises reprendre la production, suspendre la liberté de licencier, d'annoncer ou de préparer des licenciements ou quelque forme de restructuration que ce soit, la faculté de sanctionner un salarié quel qu'en soit le motif, la possibilité d'allonger la durée du travail … ? De même, le gouvernement aurait pu s'abstenir de modifier les conditions d'emploi dans un sens défavorable aux salariés aussi longtemps que dureraient les limitations des libertés démocratiques et syndicales. On aurait eu dans ce cas une situation « d'exception » pour les uns et pour les autres, de façon à maintenir un semblant d'équilibre tout en répondant aux nécessités impérieuses du moment. Peut-être alors aurait-on pu croire à leur motif d'urgence sanitaire …

Isabelle H.

 

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