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Les Allobroges - N°887

 

Editorial
 
La réforme des retraites, une contre-réforme de régression !
Alain Dupenloup
 
Le 15 octobre 2013, une majorité parlementaire se réclamant de la gauche a voté un véritable recul de civilisation, recul qu’on ne pensait possible qu’avec les forces de droite. S’inscrivant dans la continuité de toutes les mesures prises contre les retraites depuis vingt ans (que ce soit avec Edouard Balladur, François Fillon ou Nicolas Sarkozy), cette majorité parlementaire vient de décider, pour les retraites, l’allongement des années de cotisation à 43 ans, le report de l’accès au droit effectif à la retraite autour de 66 ans d’ici à 2035, et une baisse des pensions pour de nombreux retraités qui, du fait de l’augmentation des annuités, ne rempliront jamais les conditions d’une retraite à taux plein.
Les mots ont un sens : ce n’est pas une réforme, c’est une contre-réforme. En effet, une réforme fait avancer les acquis sociaux, une réforme répond positivement aux demandes populaires et améliore les choses, une contre-réforme les ramène en arrière. Avec cette contre-réforme le gouvernement condamne dès maintenant les jeunes d’aujourd’hui au sombre avenir d’une retraite retardée, dégradée et appauvrie.
Pour celles et ceux qui l’atteindront.
Et, dès 2014, ce sont leurs parents, les actuels retraités, qui seront ponctionnés par la fiscalisation et le report de la revalorisation des pensions au 1er octobre. Les quelques rares mesures positives en matière de pénibilité, de temps partiel ou de prise en compte du temps d’études ne compensent pas la gravité du recul social qui a été voté.
On mesure l’ampleur de ce recul quand on entend la ministre des affaires sociales se féliciter de la possibilité donnée aux travailleurs les plus usés de partir en retraite à 60 ans après 25 ans de travaux pénibles, quand on l’entend présenter cette possibilité comme une conquête sociale. A-t-elle déjà oublié que la retraite à 60 ans pour tous a été instaurée il y a plus de 30 ans par la gauche d’alors ?
André Chassaigne, pour les parlementaires communistes et Front de gauche, l’a d’ailleurs souligné à l’Assemblée en disant au gouvernement : «Vous aviez l’occasion de marquer l’histoire 30 ans après la retraite à 60 ans, vous n’en avez rien fait». Pire, la grande majorité des élus socialistes a organisé la régression.
C’est là qu’il faut rechercher la raison de la crise de confiance qui traverse l’opinion publique face au gouvernement. Au lieu du «changement c’est maintenant», nous avons droit à «maintenant on recule». Voilà pourquoi la popularité du président de la République est à marée basse. Voilà pourquoi la gauche, toute la gauche, est en difficulté dans les élections partielles, tant il est vrai que le désespoir social a tendance à mettre tout le monde dans le même sac.
Pourtant, c’est bien de la gauche, et de nulle part ailleurs, que le cap du changement peut être retrouvé. Le Front de gauche s’est battu sans relâche contre cette loi de régression, 17 députés PS se sont abstenus, tout comme les élus EELV.
Alors, c’est clair, seule une mobilisation populaire en hausse changera vraiment la donne. C’est possible. Nous en serons.
 

le 06 novembre 2013

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