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Les Allobroges - N°912 - 16 Décembre 2O14

EDITO

«Libérer l’activité» ... ou accroître l’exploitation ?

Alain Dupenloup

S’exprimant devant les micros d’une station de radio, l’économiste Jacques Sapir a lancé une boutade destinée à faire réfléchir : «Et si on rétablissait l’esclavage ?»… Il réagissait ainsi aux propositions du ministre de l’économie et des finances, l’ancien banquier Emmanuel Macron. En effet, si elles étaient mises en oeuvre, ces propositions constitueraient une régression sociale sans précédent. Il s’agit, pour le pouvoir, de soumettre le monde du travail au monde du capital sans aucune limite juridique. La formule «gouvernement de gauche» n’a plus aucun sens.
Il est vrai que des historiens reconnus expliquent, sans sourciller, que le sacrifice de dizaines de milliers d’esclaves a permis d’ériger les pyramides d’Egypte… Au fond, comme l’écrit le PCF, «le nouveau servage qu’Emmanuel Macron veut organiser serait le prix à payer pour, comme il le dit, libérer l’activité».
On pourrait même, pour «libérer l’activité» de Serge et Olivier Dassault, leur épargner la médiatisation (pourtant timide) des sacs de plastique bourrés de billets de banque venus de Suisse, et visiblement destinés à l’achat de voix lors des élections. La famille en a besoin pour asseoir sa situation politique et poursuivre ainsi une activité économique «sécurisée ». Foin de petitesses juridiques, voyons plus loin, prenons en compte ce que les Dassault ont «apporté» au pays !
Et puis, si l’on veut «libérer l’activité» des pontes de la BNP, eux qui savent «prendre des risques», il faut arrêter de leur chercher des poux dans la tête pour de minables «délits d’initiés» bien compréhensibles pour des gens de cette envergure !
Quant aux banques françaises, si elles planquent un tiers de leurs activités internationales dans des paradis fiscaux, c’est qu’il faut bien répondre à la concurrence des autres, n’est-ce pas ? Leur mettre des bâtons dans les roues va nuire à leur activité, donc à l’emploi et, in fine, à la France !
Enfin, pour «libérer l’activité» des supermarchés Leclerc, on pourrait fermer les yeux sur ces stagiaires en provenance de Pôle emploi, stagiaires bien évidemment non rémunérés (devraient déjà être heureux de travailler !), et à qui la direction promet un CDI qui ne viendra jamais, avant de les remercier !
C’est que le marché est «instable et mouvant». Les vrais économistes (les ultralibéraux, donc) ne cessent de l’expliquer.
Basta ! Sous l’expression ministérielle de «libérer l’activité» se cache la pire des politiques, celle qui consiste à supprimer tous les conquis sociaux pour accroître encore et encore la rémunération des actionnaires, une politique sans âme qui sacrifie la classe des salariés à la froide logique du taux de profit maximum, une politique marquée au sceau du libéralisme pur et dur, une politique qui ne réglera rien et ne pourra qu’ajouter «de la décomposition à la décomposition». Elle est l’indice d’un système économique à bout de souffle et de l’incapacité qu’ont les dirigeants PS, UMP ou FN à en sortir. L’avenir est ailleurs.

Alain Dupenloup Par Alain Dupenloup